Provinces et Pays Limitrophes de Chiang Mai

Branche méridionale de l’ancienne route de la soie, carrefour des peuples et des civilisations, la province de Chiang Mai s’impose comme un pôle historique et culturel d’envergure, dont l’hétérogénéité ethnique n’a d’égal que son urbanisation effrénée.

Si la « rose du Nord » brille par sa culture plurielle, c’est qu’elle partage ses frontières avec des contrées aux fortunes diverses, qui seront tour à tour sources de flux migratoires, d’escarmouches militaires ou de trafic d’opiacés. La géographie de la province de Chiang Mai lui offre de nombreuses connexions vers d’autres provinces ou pays.

Du nord au sud, dans le sens des aiguilles d’une montre, Chiang Mai est entourée de la Birmanie, de Chiang Rai, de Lapang, de Lamphun, Tak et Mae Hong Son. Tour d’horizon des pays et provinces limitrophes de Chiang Mai…

La Province de Chiang Mai et ses voisins
La Province de Chiang Mai et ses voisins

Birmanie : ce voisin turbulent

La Birmanie, ou le Myanmar selon les usages officiels, a profondément impacté la province de Chiang Mai ainsi que toute la région du nord thaïlandais.

Si le pays peut se targuer d’une histoire multimillénaire et d’une pluralité ethnique rare, son histoire contemporaine accuse une succession de contretemps dont les retombées se ressentent encore aujourd’hui, malgré une relative éclaircie politique depuis deux ans. Après les conflits armés sur fond de guerre froide, la Birmanie connaîtra les affres de la dictature militaire, avant de s’engager timidement dans le chemin de la démocratie en 2011.

La caractéristique birmane la plus décisive pour Chiang Mai est sans aucun doute sa pluriethnicité. En effet, ce pays de 52 millions d’habitants compte quelque 130 minorités ethniques en plus du peuple dit « de souche ».

Shans, Mons, Chins, Jingpo, Rakhine et Karens seront ainsi les premiers touchés des exactions de la junte militaire au pouvoir. Ils fuiront la persécution, mais aussi la famine et la pauvreté extrême, pour se réfugier dans les provinces du nord de la Thaïlande où ils constitueront les fameuses tribus des collines, avec très souvent un statut de réfugié à l’avenir incertain.

Si l’ouverture de quelques points frontaliers avec le voisin thaïlandais laisse augurer d’un avenir meilleur, ce sont belles et bien les dernières législatives de 2015 qui scellent de l’isolation du pays par l’ancien régime totalitaire.

Chiang Rai : la province sœur

Chiang Rai partage un passé commun avec sa voisine de l’ouest : les deux provinces ont été fondées à quelques années d’intervalle par le roi Meng Rai, ce qui leur vaudra le surnom de « cités sœurs » dans la littérature thaïlandaise. Chiang Rai est également le principal point de contact de Chiang Mai avec le Triangle d’Or, où les plantations illicites d’opium animent l’essentiel du trafic international.

La province est néanmoins sur le chemin de la rédemption, grâce aux opérations de reforestation initiées par la famille royale afin de proposer aux bénéficiaires de ce commerce des alternatives viables.

Lampang : un pôle touristique en devenir

Lampang fait partie de ces régions qui ont su tirer profit de l’engouement des touristes étrangers pour Chiang Mai. En effet, la province entend bien mettre en valeur son patrimoine culturel pour profiter de la manne touristique. Entourés des principales chaînes montagneuses du Nord, au pied du Doi Luang et au bord du Wang, Lampang a tout pour plaire, et pourrait bien concurrence Chiang Mai dans un avenir proche.

Si elle tend à s’urbaniser à grande vitesse, la région a su maintenir un certain charme traditionnel, parfaitement illustré par la calèche à chevaux qui joue des coudes avec les moyens de locomotion contemporains.

Lamphun : longanes et vestiges de l’époque Dvaravati

Derrière ses airs de lieu de villégiature paisible, Lamphun revêt une importance historique capitale, et peut se targuer d’être la dernière province à être tombée aux mains des Thaïs à la fin de la période Dvaravati, et l’une des seules à avoir résisté aux assauts répétés des Khmers.

Plaque tournante du royaume Lanna puis province birmane du 16e au 18e siècle, Lamphun capitalise aujourd’hui sur son passé mouvementé et mise sur l’industrie touristique. La province affiche également un intérêt culturel de premier choix, puisqu’elle témoigne du style architectural singulier de l’école Dvaravati, par le biais de ses nombreux temples bouddhistes et autres sanctuaires de commémoration.

Si elle reste dans l’ombre de Chiang Mai, Lamphun s’est peu à peu dotée d’une vie culturelle animée, portée par de nombreux festivals qui enregistrent des affluences grandissantes.

Tak : l’autre province des tribus des collines

Si elle a par le passé accusé une certaine morosité économique, due sans doute à son isolement à l’ouest du royaume, Tak connaît aujourd’hui des jours meilleurs, grâce notamment au tourisme écologique (chutes de Thi Lo Su et de Thi Lo Le, randonnées sauvages et rafting), mais aussi à la récente ouverture d’un point transfrontalier entre Mar Sot (Tak) et Myawaddy en Birmanie.

Outre l’agriculture et le tourisme, la province abrite également une activité halieutique émergente, dont le poisson tilapia est le produit le plus emblématique. Comme les autres provinces du Nord, Tak affiche une importante pluralité ethnique davantage exacerbée par sa proximité avec la Birmanie et l’Etat de Kayin. Ainsi, 100 000 des 130 000 réfugiés en provenance de la Birmanie résident dans la province, notamment dans le camp de Mae La qui compte principalement des Karens.

Mae Hong Son : priorité au tourisme

Mae Hong Son est sans doute la province la plus « exotique » de la Thaïlande. En effet, les tribus des collines, composés des Hmongs, des Yaos, des Lahus, des Lisus et des Akhas constituent plus de 63% de sa population, et évoluent dans une géographie complexe marquée par des chaînes montagneuses dont l’accès est rendu difficile par les forêts tropicales qui les recouvrent.

La province est séparée de la Birmanie par les fleuves Salouen et Moei. Si elle a longtemps souffert des flux migratoires en provenance de la Birmanie, Mae Hong Son compte aujourd’hui en faire son principal atout. Ainsi, la province attire aujourd’hui 600 000 touristes chaque année, venus observer le mode de vie traditionnel des tribus des collines et faire leurs emplettes dans les nombreux marchés dédiées aux artefacts de l’artisanat local.

Depuis une dizaine d’années, la province a vu sa popularité monter en flèche grâce à la médiatisation des femmes girafes du peuple Padaung Karen qui, malgré l’urbanisation de la région, continuent d’arborer leurs fameux anneaux cervicaux en spirale pour allonger leur cou, pour des raisons encore inconnues à ce jour. Cet aspect culturel s’est peu à peu érigé en principale source de revenue de cette tribu, en dépit du boycott de plusieurs associations qui pointent du doigt une prétendue « exploitation des femmes Padaung »…

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