La Birmanie : un voisin agité

Invasions barbares, violences ethniques, conflits armés sur fond de guerre froide… Les péripéties historiques des contrées de l’Asie du Sud-est n’ont cessé de façonner le destin des pays de cette région du monde, provoquant des flux migratoires complexes, des escarmouches régulières et des no man’s land qui se sont progressivement transformés en usines à opiacés.

L’Histoire de la province de Chiang Mai, et plus généralement du nord de la Thaïlande, est intiment lié au cheminement historique de la Birmanie voisine. Les minorités ethniques d’origine tibéto-birmanes qui composent les tribus des collines proviennent principalement des régions sud de la Birmanie, qu’elles ont fui suite à la persécution de la junte militaire de Rangoon qui souhaitait refléter une « image moderne » du pays.

D’un autre côté, le manque de volonté des militaires au pouvoir dans la lutte contre la production d’opium dans la partie birmane du Triangle d’or a considérablement entravé les efforts des autorités thaïlandaises dans le Nord. Plus qu’un pays limitrophe de Chiang Mai, la Birmanie est en réalité un acteur décisif de l’histoire de Chiang Mai…

Carte du Myanmar
Carte du Myanmar

Birmanie ou Myanmar ?

En langue birmane, le pays est invariablement appelé Myanma ou Bama. En réalité, les Birmans, comme les Javanais, possèdent différents niveaux de registres de langue : ils adaptent le vocable qu’ils emploient à l’auditoire pour une meilleure compréhension. Ainsi, l’appellation Myanma est le plus souvent préférée à l’écrit, et Bama est réservée à l’usage oral. En français, le mot Birmanie a été inspiré par les navigateurs portugais qui ont désigné ce pays par le terme Birmania.

En 1989, la junte militaire au pouvoir chargera une commission de revoir le nom des places publiques, des villes et même du pays de manière à « corriger » les erreurs de prononciation et de graphie héritées de l’époque coloniale. C’est ainsi que la commission débouchera sur une série de réformes dans le cadre de la Loi de l’Adaptation des Expressions. Rangoon deviendra Yangoon, et Birmanie deviendra Myanmar. Aujourd’hui, la Birmanie est officiellement désignée sous le nom de République de l’Union de Myanmar, bien que les termes « Birmanie » et « Myanmar » lui soient le plus souvent préférés.

Histoire contemporaine du Myanmar

Déchirée par des conflits armés et minée par la succession de dictatures militaires depuis 1962, la Birmanie s’est officiellement engagée dans le chemin de la démocratie en 2011, lorsque la junte militaire aux manettes depuis 23 ans a laissé place à un pouvoir civil dirigé par l’un de ses anciens membres. Pour appuyer cet élan, l’Union européenne et les Etats-Unis ont depuis suspendu l’embargo qu’ils maintenaient sur le pays depuis le début des années 1990. Aux élections législatives de novembre 2015, la Ligue nationale pour la démocratie du prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi remportera une écrasante victoire sur l’USDP du président sortant. La célèbre opposante sera par la suite désignée « ministre du conseil d’Etat », l’équivalent d’un premier ministre.

Données démographiques

En raison de l’isolement du pays, mis au banc de la communauté internationale depuis la 2e moitié du 20e siècle, la population de la Birmanie a souvent été surestimée. Le recensement de 2014 fera état d’une population totale de 51 420 000 habitants, loin des 65 000 000 autrefois avancés par les experts et parfois même par les Nations-Unis.

Outre la majorité birmane dite « de souche », le pays abrite quelque 130 minorités ethniques qui tentent tant bien que mal de conserver leurs traditions et leurs dialectes. Ces groupes ethniques ont longtemps subis les affres de la persécution du fait de leur nombre (un tiers de la population) et surtout de leur distribution géographiques (ils occupent la moitié du pays). Sept « races nationales » ont été reconnues par les gouvernements de la Birmanie : Shans, Mons, Chins, Jingpo, Rakhine et les Karens, que l’on retrouve également parmi les tribus des collines au nord de la Thaïlande.

Temples Bagan en Birmanie
Temples Bagan en Birmanie

L’économie de la Birmanie

La Birmanie est typiquement un pays de matières premières. Peu industrialisé et timidement actif dans le commerce international, le pays tire une grande partie de ses revenus des pierres précieuses qu’il exporte principalement en ThaïlandeSelon les experts de l’industrie de la pierre, 90% des rubis du monde proviennent de la Birmanie.

Bien que le pouvoir affiche une volonté de façade de mettre un terme à la production d’opiacés sur son sol, l’export de l’opium et de l’héroïne rapporte au pays davantage de devises que toutes les autres exportations réunies. La Birmanie vend également du gaz, du pétrole, du bois et des minerais, principalement aux pays voisins.

En dépit d’une situation politique instable et des violations répétées des droits de l’Homme, le pays est prisé par les touristes étrangers qui apprécient la diversité de ses paysages, mais aussi son histoire trouble et quelque peu mystérieuse…

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