La Démographie de la Province de Chiang Mai
Le royaume historique du million de rizières en a fait sa capitale, le bouddhisme en a fait son centre névralgique, et le roi Meng Rai y a établi des temples majestueux… Si la province de Chiang Mai brille par son héritage intriguant et par l’hétérogénéité de ses paysages, elle fascine encore plus par la multiethnicité de sa démographie, et abrite notamment les fameuses tribus des collines qui constituent 13,4% de sa population totale. Le point sur la démographie de la deuxième plus grande province de Thaïlande…
Distribution Démographique de Chiang Mai
Si la ville proprement dite ne compte que quelque 170 348 habitants, la province de Chiang Mai, elle, compte plus de 1 500 000 personnes, répartis entre ses 21 districts, faisant de Chiang Mai la deuxième plus grande province de Thaïlande après Bangkok. 80% des habitants de Chiang Mai sont des natifs de la région, qui parlent un dialecte légèrement différent du Thaï classique (voir plus bas).
Les 20% restants sont des Thaïlandais d’autres régions, mais aussi des étrangers qui ont émigré dans la province pour étudier, travailler ou passer une retraite paisible.
Les tribus des collines, ou « hill tribes », se sont établis à différentes époques de l’histoire sur les hauteurs de la région, pour fuir les conflits armés et les persécutions dont ils ont été victimes, mais aussi pour tirer profit des terres arables. Ils peuplent principalement les districts d’Omkoi, Mae Jam, Chiang Dao et Mae Ai. L’Institut de Recherche Tribale de Chiang Mai estime les villages des tribus des collines à 1 049, à raison d’un peu moins de 640 000 personnes, réparties comme suit :
Tribu Karen : environ 320 000
Tribu Hmong (Meo) : 151 080
Tribu Lahu (Musur) : environ 100 000
Tribu Lua : environ 100 000
Tribu Akha : environ 70 000
Tribu Lisu : environ 55 000
Tribu Yao (Mien) : environ 40 000
La ville de Chiang Mai couvre la majeure partie du district de Mueang de la province Chiang Mai, et compte une population de 160 000 personnes, avec une densité moyenne de 3 687/km², soit près de 30 fois la moyenne nationale.
Une population majoritairement agricole
80% des habitants de la province de Chiang Mai travaillent dans l’agriculture ainsi que dans les filières annexes à l’agriculture. Le tourisme vient en seconde position, et bénéficie de l’attrait naturel, humain et infrastructurel de la province qui s’impose aujourd’hui comme une destination tendance pour les touristes occidentaux. Le podium est complété par la transformation des produits agricoles. Les tribus des collines pratiquent l’agriculture de subsistance, via l’élevage, la chasse et divers plantations.
La culture de l’opium a longtemps constitué une source majeure de revenu de ces tribus, avant de voir sa portée se réduire considérablement après les nombreuses mesures entreprises par les gouvernements successifs afin de l’éradiquer. Aujourd’hui, les champs autrefois dédiés à la culture de l’opium produisent des choux et des fruits.
Croyances et religions
La cartographie religieuse de la province de Chiang Mai se calque sur celle des autres régions de la Thaïlande. Elle présente toutefois quelques singularités liées à la présence des tribus des collines dont une grande majorité maintient des rites ancestraux et croyances traditionnelles malgré l’influence grandissante des religions dominantes. En effet, le bouddhisme, principale religion des Thaïlandais, gagne du terrain sur les croyances traditionnelles qui subsistent encore parmi les tribus des collines, matérialisées notamment par le culte des ancêtres, la vénération des esprits et l’omniprésence des offrandes.
D’un autre côté, le christianisme est également présent dans les hauteurs du Nord thaïlandais, principalement parmi les peuples des collines qui se sont montrés réceptifs aux nombreux missionnaires qui ont opéré dans la région depuis le 16e siècle.
La communauté juive de Thaïlande remonte au 17e siècle, avec l’arrivée de quelques familles juives en provenance de Bagdad. Aujourd’hui, cette communauté est principalement composée de descendants de réfugiés de la Russie Impériale et l’Union Soviétique, mais aussi de demandeurs d’asile Iraniens qui ont fui la persécution dont ils ont été victimes au lendemain de la révolution islamique et l’exil du Shah. Si la communauté juive de Thaïlande réside quasi-exclusivement à Bangkok, quelques juifs ont choisi de vivre à Chiang Mai.
Langues et dialectes
Les habitants de la province de Chiang Mai parlent le Kham Muang, également connu sous le nom de « thaïlandais du nord » ou encore « Lanna ». Ce dialecte est très proche du Lao, et compte plus de 6 millions de locuteurs, notamment au Laos voisin. Le Thaï du Nord repose aujourd’hui sur l’alphabet Thaï standard, reléguant ainsi l’alphabet traditionnel à un rôle historique uniquement. De nombreux académiciens et autres linguistes tentent de remettre l’alphabet traditionnel au goût du jour ; l’alphabet Thaï ne transcrivant pas l’entièreté des tons du Kham Muang, notamment la distinction entre les deux tons descendants.
Bien que les habitants du nord de la Thaïlande considèrent le Kham Muang comme la principale composante de leur identité, le « Thaï du centre » reste la langue de l’enseignement, du commerce et de l’agriculture, et est par conséquent comprise et parlée par la quasi-totalité des habitants de la région. L’anglais sert de lingua franca dans l’industrie du tourisme, et, plus globalement, dans le secteur des services, qui reste principalement porté par les étrangers.
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