La Culture Lanna Thaï

Bien que la création du royaume Lanna au 13e siècle soit considérée par beaucoup comme le point de départ historique de la prospérité de la région, le rayonnement culturel du nord de la Thaïlande a en réalité débuté plusieurs siècles auparavant.

Le royaume Lanna, dans la continuité du royaume Ngoenyang, accordera une place capitale à la culture et à la spiritualité, si bien qu’il est aujourd’hui largement considéré comme le berceau de la culture et de l’art thaïs.

Composition hétéroclite de différentes minorités ethniques et de cités états jadis en conflit, le royaume Lanna a su tirer profit de sa situation stratégique entre la Birmanie et le Siam, et s’est imposé comme le hub d’un brassage culturel impressionnant. Tour d’horizon des principales caractéristiques de la culture Lanna…

La Culture Lanna Thai: Une Culture Naturellement Préservée

Si l’héritage culturel Lanna a brillamment résisté au déclin du royaume amorcé au 16e siècle, c’est grâce à son enclavement dû à ses hauteurs majestueuses, qui ont considérablement limité l’uniformisation culturelle après l’intégration du Lanna au royaume de Thaïlande. Aujourd’hui encore, la faiblesse du réseau ferroviaire, la complexité de la géographie marquée par un relief montagneux persistant et l’hétérogénéité de la population maintiennent une certaine authenticité culturelle, dont les tribus des collines sont également garants.

Robe Traditionnelle Lanna Thaï
Robe Traditionnelle Lanna Thaï

L’Art Textile Lanna

L’habillement et les ornements divers sont sans aucun doute les manifestations les plus illustres de la culture Lanna. Ils peuvent être aperçus au bureau, dans l’espace public et dans les cérémonies locales. Ainsi, le personnel de nombreux organismes gouvernementaux dans les villes du Nord arborent tous les vendredis une chemise typique, la Moh Hom, que leurs ancêtres ont utilisé pendant des siècles pour les travaux agricoles et miniers. Les conducteurs de Tuk-Tuk (Dtook-dtook) en ont même fait leur uniforme de travail.

Les femmes arborent une variante qui leur est dédiée, couplée à une jupe longue appelée « Pha Zin ». Les Moh Hom sont également les vedettes des nombreux défilés qui ponctuent les différents festivals et manifestions culturelles de la région.

Les vêtements issus de la culture Lanna sont le plus souvent de forme carrée ou rectangulaire brute, et ne font généralement pas l’objet d’une coupe élaborée. En revanche, ils accueillent des broderies colorées qui reprennent les motifs et les fanions de l’ancien royaume Lanna.

Le Déclin de Certaines Formes d’Art Lanna

A la fin du 18e siècle, Chiang Mai fut peu à peu réduite à une ville fantôme après deux siècles d’occupation birmane. Lorsque Chao Kawila reprit le contrôle de la province, il s’attela à réconcilier ses habitants avec la vie culturelle, et notamment la musique et les chants traditionnels.

Au début du 20e siècle, la princesse Dararasmi, fille du roi Intrawichinontra, se passionnera pour la danse et la musique, et œuvrera pour la promotion des arts dans la région. Avec sa troupe de danseurs, elle développera de nombreuses chorégraphies basées sur des chants traditionnels remis au goût du jour. Ses efforts seront récompensés lorsqu’elle fut sollicitée pour se produire en public pour accueillir le roi Rama VII qui visitait Chiang Mai en 1927.

Bien qu’ils aient accordé une importance non négligeable à la promotion de toutes les formes d’art, les gouvernements successifs ont œuvré pour asseoir une culture nationale commune, qui reprend des éléments de chaque groupe ethnique ou historique. L’art Lanna en a malheureusement fait les frais.

Ainsi, en 1996, le militant associatif Chatchawan Thongdeelert rassemblera une coalition d’artistes, d’académiciens et d’acteurs associatifs de la région pour se prononcer sur le déclin de la musique et de la danse traditionnelles Lanna au profit des formes d’art occidentales. Cette initiative débouchera sur la création du festival Suepsan Lanna, dont la première édition sera lancée en grande pompe dès 1997.

Kao Soy: un plat typiquement lanna
Kao Soy: un plat typiquement lanna

La Cuisine Lanna : à Mille Lieues des Saveurs Epicées de Bangkok

L’hétérogénéité ethnique du Nord de la Thaïlande et son isolation géographique se sont tout naturellement répercutées sur sa cuisine. Ainsi, les plats traditionnels Lanna boudent les épices fortes et présentent un profit gustatif léger, parfois même sucré. Cette particularité trouve son origine dans la fertilité des terres du Nord et l’abondance des fruits et légumes, qui rendent caduque la technique consistant à épicer les plats pour inciter les enfants à préférer le riz.

Ainsi, la cuisine Lanna fait la part belle au piment doux, au gingembre frais, au galanga et au poivre noir. Ces éléments se retrouvent dans le Khao Soi, plat phare de la gastronomie Lanna. Avec ses influences birmanes mais aussi chinoises (musulmans du Yunnan), cette soupe de nouilles à base de curry, d’épices asséchées et de lait de noix de coco est servie quotidiennement dans les restaurants du Nord de la Thaïlande mais aussi au Laos voisin.

L’abondance des porcs dans la région a favorisé l’élevage dans les nombreuses fermes dédiées. Aussi, la prédominance de la forêt tropicale continue d’assurer un large approvisionnement en bois, favorisant ainsi les techniques de cuisson lente.

Croyances Traditionnelles Lanna

Le Lanna historique présente un spectre religieux hétéroclite. Néanmoins, certaines croyances traditionnelles restent communes à plusieurs minorités :\

  • Liang Phi Khunnam : « Khunnam » fait référence à la « rivière », perçue comme une source de vie et de richesse par la religion Lanna. Selon la tradition, les hautes montagnes du Nord sont habitées par les esprits de l’eau, qui animent le Wang et le Ping ;
  • Than Salak : cette tradition ancestrale vise à assurer l’égalité des dons aux moines. Ainsi, une « loterie » est organisée occasionnellement pour s’assurer que la distribution des offrandes soit la plus équitable possible ;
  • Festival Yipeng / Loy Krathong: cette cérémonie marque le début de la moisson du riz à la fin de la saison pluvieuse, au moment de la pleine lune (entre novembre et décembre). Les maisons, rues, canaux et fleuves de Chiang Mai sont alors entièrement décorés de lumières et de lanternes fabriquées par les artisans Lanna. Les lampions s’élèvent dans le ciel, et marquent la dévotion aux Dieux…

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