La cigarette électronique en Thaïlande : le gouvernement réaffirme l’interdiction de 2014
Après avoir longtemps relevé d’une « zone grise » législative, avec des décisions au cas par cas, souvent sans sous-bassement légal, la cigarette électronique a été formellement interdite en Thaïlande en 2014. Cette décision a été rappelée par la TAT, principale autorité touristique du pays, le 22 septembre 2017.
Cigarette électronique : attention aux lois thaïlandaises « inhabituelles »
« Profitez de vos vacances en Thaïlande, mais laissez les cigarettes électroniques à la maison. Elles sont illégales ici ». C’est le message sans équivoque que la Tourism Authority of Thailand (TAT) a adressé aux touristes au terme de la saison touristique 2017. Cet « éclaircissement » faisait suite à la multiplication des incidents, avec des procès-verbaux et des amendes infligées aux touristes qui ignoraient vraisemblablement cette disposition de la loi thaïlandaise qui n’était pas appliquée avec la même rigueur dans les quatre coins du royaume. Depuis 2015, les plaintes aux ambassades des principaux pays « fournisseurs » de touristes à la Thaïlande se sont multipliées, obligeant le ministère du tourisme de lancer une campagne de communication sur le sujet.
Aujourd’hui, la donne n’a pas vraiment changé. Se faire prendre avec une cigarette électronique, un e-liquide ou tout autre matériel exclusivement conçu pour équiper ou alimenter la cigarette électronique peut entraîner une amende allant jusqu’à 30 000 Baht (environ 900 €) et une peine de prison allant jusqu’à 10 ans. D’ailleurs, certains pays de l’UE ont dressé une liste des lois « inhabituelles » dont il fallait absolument prendre connaissance pour ne pas s’exposer à des poursuites judiciaires dans certains pays, notamment en Asie. Voici l’extrait qui concerne la Thaïlande :
- Ne pas apporter de cigarettes électroniques, d’e-liquides ou de tout autre matériel servant à vapoter, y compris l’e-baraku ;
- Ne pas marcher sur les pièces de monnaie et les billets… ils sont en effet à l’effigie du Roi de Thaïlande ;
- Ne pas jeter de déchets dans la rue (y compris les mégots) ;
- Ne pas conduire une moto sans casque, quel que soit le comportement des locaux en la matière.
Nul n’est censé ignorer la loi
Du rêve sur les plages paradisiaques au cauchemar des poursuites judiciaires sans fin, il n’y a parfois qu’un pas, surtout en Thaïlande. Cécile, une jeune Française de 31 ans, a raconté son histoire à nos confrères de l’ « Echo Touristique ». En vacances avec son conjoint et ses parents, la jeune femme sort sa cigarette électronique dans la station balnéaire de Karon, dans la province de Phuket… un geste anodin dans l’écrasante majorité des pays du monde mais lourdement sanctionné en Thaïlande depuis la loi de 2014. Cécile est immédiatement interpelée par la police touristique : « Ils ont arraché la cigarette électronique de mes mains ; je me suis excusée mais, à ce moment-là, ils ont commencé à réclamer de l’argent pour nous laisser partir ».
La suite de l’histoire est rocambolesque : refusant de verser un pot de vin de 1 100 €, Cécile est interpelée et jugée à Bangkok, où elle sera condamnée à s’acquitter d’une amende de… 23 €. Les frais du procès s’élèvent quant à eux à plus de 8 000 € ! Retards dans la restitution du passeport, interpellation par les services de l’immigration, incarcération de quatre jours… voilà une mésaventure qui devrait servir d’appel à la vigilance pour les quelque 750 000 touristes français qui se rendent chaque année en Thaïlande. Les travers de la police du pays sont une réalité, mais ils n’excusent en rien l’infraction. Nul n’est censé ignorer la loi… même si les retours d’expérience des touristes français font état d’une plus grande tolérance des autorités locales depuis 2018.
On peut ainsi lire sur le forum du Routard : « L’année dernière, en partant, je n’ai pas eu de problèmes alors que la e-cigarette était bien en vue au contrôle X-Ray ». Ou encore : « Dans la rue, j’ai vu pas mal de touristes vapoter, visiblement c’est toléré… tant que vous n’êtes pas malchanceux ». Un conseil : si vous le choix, à vos risques et périls, de débarquer en Thaïlande avec votre cigarette électronique et des réserves de e-liquide (qui n’est pas vendu dans le Royaume), apportez également les factures correspondantes. Cela vous évitera, en cas d’interpellation, l’accusation de trafic de substances illégales.
Le département de l’immigration persiste et signe… mais la controverse ne faiblit pas
En novembre 2018, certaines ambassades européennes ont protesté auprès du département thaïlandais de l’immigration pour les amendes infligées à leurs ressortissants qui ont atterri dans la capitale avec e-cigarettes dans leurs bagages. En effet, au cours des trois derniers mois de l’année 2018, le ministère a saisi près de 80 caisses de cigarettes électroniques et de substances ou équipements connexes, infligeant des amendes de 5 millions de baht au total (environ 150 000 €)
En réponse, le département a mis en garde les touristes et les voyageurs d’affaires de toute introduction illégale des cigarettes électroniques dans le pays, que ce soit à des fins de consommation personnelles ou de vente. Le directeur général du département, Patchara Anuntasilpa, a déclaré que le ministère du Commerce avait décidé l’interdiction des e-cigarettes « en raison des préoccupations sanitaires soulevées par le ministère de la Santé publique ».
Le débat public sur la question a de nouveau fait l’objet d’une médiatisation à la suite de l’annonce faite en août 2019 par le gouvernement de maintenir l’interdiction des cigarettes électroniques à l’issue d’une étude menée par le ministère de la Santé publique.
En dépit de cette interdiction, le marché local de la cigarette électronique et de ses équipements a connu une croissance fulgurante, estimée à 100% par an depuis 2016. Les réseaux sociaux semblent être le principal vecteur de ce commerce informel.